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Éloge de monsieur Alexis LAURENT
Grande figure des anciens combattants du département de l’Hérault, président honoraire du CEACH,
par le général d’armée 2s Elrick IRASTORZA, ancien chef d’état-major de l’armée de terre
et président du Conseil d’administration de la "Mission du centenaire de la première guerre mondiale",
le 24 avril 2017 en l’église Saint Denis de Montpellier
Alexis LAURENT
 Mon cher Alexis Laurent.
Vendredi, il faisait très beau sur les Hauts de Meuse. Un oiseau s'égosillait sur une des tourelles du fort de Vaux, comme pour nous rappeler que dans ce monde comme dans l'autre, la vie reprend toujours le dessus. C'est face aux 16 142 tombes de la nécropole de Douaumont que j'ai appris la bien triste nouvelle et j'ai immédiatement pensé que vous étiez un soldat de plus à rejoindre la longue cohorte de tous ceux qui ont tant donné pour que nous soyons ce que nous sommes, comme le soulignait le colonel de Gaulle en son temps, un vieux peuple, « un pauvre peuple, qui de siècle en siècle porte, sans fléchir jamais, le plus lourd fardeau de douleurs. Vieux peuple, auquel l'expérience n'a point arraché ses vices, mais que redresse sans cesse la sève des espoirs nouveaux. »
Certes, les temps que nous vivons peuvent toujours susciter des inquiétudes légitimes mais s'ils ne sont guère faciles, l'ont-ils été un jour pour les générations qui nous ont précédés ? Bien évidemment que non et pourtant, elles ont toujours su trouver en elles, fut-ce aux heures les plus sombres de notre histoire nationale les ressources physiques et surtout morales pour surmonter les épreuves endurées et faire de nos grandes ruptures historiques des opportunités de sursaut national. Et si c'est tout un peuple de combattants qui fut victorieux en 1918, ils étaient bien moins nombreux en 1945 à nous remettre sur les chemins de l'Honneur et de la Liberté.
Mon cher Alexis Laurent, vous avez été de Ceux-là. Comme beaucoup pourtant, dés 19 ans, vous avez été incorporé dans les chantiers de jeunesse, ces substituts de service militaire d'une France désarmée qui prônaient les valeurs de la révolution nationale, cache misère de la détresse morale d'un pays vaincu. Pas de quoi susciter l'enthousiasme mais le débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, allait vous offrir l'opportunité de prendre une part active à la libération du sol national. Le 15 août 1944, vous débarquez en Provence avec le 68e Régiment d'Artillerie d'Afrique. Puis ce sera l'épopée de la 1re Armée de de Lattre et l'honneur de tirer les premiers coups de canons français sur l'Allemagne nazie, le 20 novembre 1944. Mais  le Rhin ne sera franchi que 4 mois plus tard au prix de bien d'autres souffrances durant cet hiver rigoureux et au terme d'une lutte particulièrement âpre et meurtrière. Puis c'est la brillante campagne qui conduira la 1re Armée au delà du Danube, jusqu’aux Alpes autrichiennes qui assurera à la France, vaincue en 1940, une place à la table des vainqueurs.
Cité pour votre comportement au combat, vous avez pris toute votre part à cette victoire.
La libération du territoire national acquise, vous auriez fort bien pu tourner définitivement la page de cet épisode à la fois sombre et glorieux de cette tragédie nationale pour vous consacrer seulement à la reconstruction d'un pays matériellement mais surtout moralement en ruines.
Mais comment oublier les sacrifices consentis et les compagnons d'arme laissés sur le bord du chemin.
Impossible de se consacrer à l'avenir en faisant fi du passé.
Impossible d'oublier tous ces morts qui ont fait cette Patrie que nous, les vivants, avons le devoir de continuer.
Impossible de comprendre notre présent et de préparer notre avenir et celui de nos enfants sans interroger notre passé.
Et de tout cela vous avez toujours été persuadé !
Alors, en plus d'une remarquable carrière professionnelle qui vous conduira d'Agde aux plus hautes responsabilités à la mairie de Montpellier, vous allez vous consacrer inlassablement mais sans nostalgie, à l'entretien de la petite flamme de la mémoire combattante dans l'Hérault et à sa transmission aux plus jeunes générations.
D'abord fidèle transmetteur de mémoire, vous devenez  rapidement le moteur de l'Association « Rhin et Danube », de la Fondation Maréchal de Lattre, du Souvenir Français, de l'Association des Combattants de moins de 20 ans, de l'Union Nationale des Combattants et présidez pendant 17 ans le Comité d'entente de 50 associations d'anciens combattants du département. Bien évidemment, vous siégez au Conseil départemental des Anciens combattants et Victimes de Guerre, travaillez en lien étroit avec l'Office national et surtout ne cessez jamais de témoigner de votre engagement patriotique auprès des plus jeunes.
Je me souviens de votre satisfaction à voir les tombes de nos soldats parfaitement entretenues et de votre bonheur grave à accompagner nos jeunes dans les allées de nos carrés militaires. Votre émotion dans ces instants d'intense recueillement traduisait surtout votre profonde conviction et une détermination que  le poids des ans n'avait pas réussi à émousser.
Mon cher Alexis Laurent, la République a reconnu vos mérites en vous faisant Chevalier de la Légion d'honneur puis, dernièrement, Officier de l'Ordre National du Mérite ; mais je crois que la plus belle des reconnaissances qui puisse vous être témoignée en ce bien triste jour, c'est la présence recueillie de vos amis ici rassemblés dans une même émotion autour de vous et de votre famille et ces drapeaux en deuil dont vous connaissez chaque porteur.
En ce jour de la Saint Fidèle, les uns et les autres se joignent à moi pour vous assurer de notre reconnaissance pour votre fidélité sans faille au service de la transmission de la mémoire des sacrifices consentis par nos soldats et leurs familles trop souvent à la peine, aujourd'hui comme hier.
Adieu Alexis, reposez dans la paix bien méritée de tous ceux qui ont tout donné à leur pays, à leur Patrie.