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Mission spéciale avec le Colonel BIGEARD

Grand Erg Occidental, 10 décembre 1957
Les derniers combats contre le peloton de méharistes qui avaient déserté en assassinant ses cadres européens, avaient eu lieu le 7 décembre à Hassi Ali. Ces méharistes avaient été renforcés par des fellaghas. Tous les méharistes (sauf un) et les fellaghas avaient été tués ou fait prisonniers. Il semblait ne plus y avoir de rebelles dans la zone . Le retour sur la base arrière de Sidi Ferruch était donc proche.

BIGEARD a installé depuis quelques jours un P.C. avancé léger à Kreoula en plein milieu du Grand Erg Occidental. Une petite piste permet aux Piper L 21 de se poser. A ce P.C., BIGEARD dispose d'une demi-compagnie en alerte, de l'un des 2 hélicoptères Sikorski H 24 encore en état de voler, et de ses liaisons radio. A côté de lui se trouve le Colonel BRUNET, commandant l'Escadre d'hélicoptères n°2 , c'est-à dire tous les hélicoptères de l'Ouest de l'Algérie. Le Colonel BRUNET est un pilote de chasse au passé prestigieux, vieux compagnon d'armes de BIGEARD.

Ce jour-là, c'est l'escadron qui est en alerte à côté de BIGEARD. Je suis le chef du peloton " de jour ", c'est-à-dire chef du peloton devant intervenir en premier , le cas échéant.

BIGEARD appelle le Capitaine CALES, commandant l'escadron, et moi-même et nous explique :

" Le pilote du Piper vient de repérer à 50 kilomètres un gros buisson dans lequel il a vu des matériels. Il l'a survolé en rase-mottes à plusieurs reprises. Il est quasiment certain qu'il n'y a pas de fellouze dans ce buisson. On va aller voir. On prend le Siko disponible, BRUNET vient avec nous et mon radio. Reste quatre places dans l'hélico. PACAUD, tu prends ton radio et deux paras. On y va "

Dans certaines zones du Grand Erg Occidental, des buissons assez denses, parfois d'une dizaine de m² et de deux mètres de haut, poussent aux creux des dunes de sable.

Vingt minutes plus tard, guidé par le Piper, le H 24 se pose sur la crête d'une dune. Nous débarquons tous les sept, dont deux seulement armés de fusil. Je laisse l'un de mes paras sur la dune pour "protéger" l'ensemble et je descends vers le buisson ( 25 m. de dénivelé ) avec mon radio et le second para armé d'un fusil. Effectivement, il n'y a personne mais un matériel volumineux (300 kilos), constitué de matériels de campement, portes chargeurs, outils individuels et deux belles selles de méhariste. Tout le monde me rejoint et nous remontons, tous les sept le matériel, en deux ou trois allers et retours, jusqu'à l'hélicoptère. Une fois le tout déposé près de celui-ci, BIGEARD décide de faire deux rotations d'hélicoptère et part dans la première avec son radio, une partie du matériel ( dont les deux selles ) et l'un de mes paras.

Nous voici donc à quatre, dont le Colonel BRUNET, à attendre le retour du H 24. Le temps de l'aller retour est de 40 minutes environ. Au bout d'une heure... pas d'hélicoptère ! Nous avions manifestement été oubliés. Ma radio (PRC 10), ne permet en aucune manière de joindre qui que ce soit, en raison des distances. Une heure de plus se passe... toujours rien ! Nous nous apprêtons à passer la nuit sur place. Mais au bout de trois heures d'attente environ, on entend un bruit de moteurs d'avions. C'est, très loin de nous, une patrouille de T 6 ( avions de chasse et d'appui au sol ). Vite, la radio sur canal "16" (canal d'appui aérien).

- Ici Cales 2, enfant de Bruno, me recevez- vous ?

- 3 sur 5. - Je vous dirige sur moi.

J'utilise mon miroir de signalisation pour me faire repérer.

Les deux T6 arrivent.

- Un H34 devait venir nous reprendre mais nous avons été oubliés sur le terrain.

- Ah bon , je ferai le nécessaire après mon atterrissage à Colomb-Béchar, dit très tranquillement le pilote, chef de patrouille.

- Bien reçu. Mais je dois vous signaler que nous ne sommes que quatre, dont "Grand Soleil" (indicatif du Colonel BRUNET).

- Répétez : Grand Soleil ?

- Affirmatif.

- Je fais le nécessaire immédiatement.

1/2 heure après le H24 réapparait. On embarque alors, tous les quatre, les matériels laissés sur place et nous revenons au P.C. de Kreoula que BIGEARD avait commencé de démonter. Puis, par rotations successives d'hélicoptère, nous rentrons à TIMIMOUN, B.O.A. ( base opérationnelle avancée ) du régiment.

Je pense que le Colonel BRUNET n'a pas du tout félicité le commandant de bord du H34.

Deux semaines après, à Sidi-Ferruch, je vais au P.C. du Régiment : de part et d'autre de l'entrée je fus très heureux de voir "mes" deux selles méharistes.

Patrick Pacaud

(chef du 2ème Peloton de l'Escadron de Jeeps Armées, aux ordres du Capitaine CALES qui avait succédé au Capitaine LE BOUDEC)