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Éloges du médecin général Jacques LEPAGE

Lepage jacques

le jeudi 1er avril 2021 en l’église Saint Théodorit de Vendargues (34)

Mon général, Docteur, Jacques mon ami,

Un lien plus fort que celui du sang nous unit et nous unira toujours l'un à l'autre. Toi qui as toujours été médecin pour les autres, tu avais au cœur une invincible ferveur, et l'ardent besoin de sauver des vies. Au Tchad et ailleurs, tu sauvas la vie à des soldats blessés par balle ou par éclats. Plus de 40 ans après, certains de ces soldats sont là près de toi aujourd'hui.

Comme moi, tu as l'Afrique chevillée au cœur, comme moi tu as l'amour du métier des armes. Sans jamais trahir ton serment d'Hippocrate, tu as su être au combat un soldat exemplaire parfois jusqu'à l'héroïsme, comme ce jour où tu traversas un champ de mines pour aller chercher un blessé que tu ramèneras sur ton dos.

Afrique, Océanie, Amérique du sud, Europe…  Jacques sorcier, comme il me plaisait de t'appeler, tu es d’une autre époque… d’une époque où les chevaliers cherchaient le graal. La fraternité est une force pour toi, et tu étais toujours prêt à la célébrer sur son autel. Tu vivais pleinement ce lien tissé dans la tourmente, dans le silence, dans la souffrance, au soleil, dans la boue, dans le froid… ton caducée d'une main et l'épée de l'autre. Jacques  tu, aurais pu faire tiennes ces parole de Jorge Semprun à propos de la mort : « Une idée m’est venue soudain… la sensation très forte de ne pas avoir échappé à la mort, mais de l’avoir traversée. D’avoir été, plutôt, traversé par elle. De l’avoir vécu en quelque sorte. D’en être revenu, comme on revient d’un voyage qui vous a transformé, transfiguré peut-être. Je n’avais pas vraiment survécu à la mort, je ne l’avais pas évitée, je n’y avais pas échappé. Je l’avais parcourue d’un bout à l’autre. J’en avais parcouru les chemins, j’étais un revenant en somme ».

Pour toi Jacques, cette expérience de mort vécue sur divers champs de bataille et dans ta vie de médecin a été accompagnée d’une quête, d’une recherche, d’un processus spirituel. Aujourd’hui, nous te voyons, tu es là de l’autre coté du chemin. Je te vois, tu souris d’un air de dire : « Maintenant je sais ».

Jusqu’au bout tu as été porteur de symboles.

Catherine, parfois vous deviez constater que ce mari que vous aimez tant, semblait avoir les yeux ailleurs. C’était l'envie de partir et de servir. De partir et de servir encore. De partir et de servir toujours. 

Mais vous restiez dans son cœur, sa femme, c'est-à-dire la source de son équilibre et de son épanouissement. Dominique la mienne de femme m'a souvent dit : " ils vont si bien ensemble".

Mon ami, en ce jour, autour de ton cercueil sont réunis ta famille, tes amis, tes frères.  Ensemble, nous prions pour toi passé à l’orient éternel, et pour tous ceux qui ont été oubliés, mais qui sont dignes de « grandes funérailles » comme l’écrit Von Salomon dans "Les Réprouvés" : "La guerre est finie. Les guerriers marchent toujours". 

Jacques, longue est la route vers la maison du Père et voici un court extrait du livre de la sagesse pour t’accompagner : «  La vie  des justes est dans la main de Dieu, aucun tourment n’a de prise sur eux. Celui qui ne réfléchit pas s’est imaginé qu’ils étaient morts ; leur départ de ce monde a passé pour un malheur ; quand ils nous ont quittés, on les croyait anéantis, alors qu’ils sont dans la paix… »

Va en paix Mon général !

Lieutenant-colonel (er) Jean-François LHUILIER

Amis, il arrive parfois, et c’est toujours une chance, que nous croisions des êtres exceptionnels, des êtres hors du commun, et le médecin général Jacques LEPAGE était de cette race-là. Des êtres que la passion du mieux anime et dont la droiture exige des autres comme d’eux-mêmes. Qui mettent au service de leur quête spirituelle comme de la profession qu’ils ont choisie d’exercer toute leur intelligence et leur finesse du cœur. Toutes choses qui font de chaque être en ce monde un centre de rayonnement. Car avoir un idéal, chercher à l’inscrire chaque jour dans les relations diverses que nous pouvons tisser, dans nos engagements, dans nos choix, dans nos fidélités, permet à notre vie de ne pas tomber dans l’insignifiance. 

C’est parce que Jacques eut le temps de l’être que nous sommes accourus, tant nous sommes marqués par nos rencontres humaines. Que le Seigneur, qui aime ce qui est droit, accueille dans sa douceur et dans sa paix notre ami.

Jacques s’est absenté du milieu de nous ; il a poursuivi la route, un peu plus vite que nous, mais sachez, particulièrement vous son épouse, ses enfants, qu’il fera désormais plus froid en nos cœurs.

Oui, la mort de l’un des nôtres est toujours blessure profonde, confinant à l’anomalie, même si nous savons d’expérience que la vie est un combat risqué, où partage et solitude, souffrance et joie se mêlent d’une façon indépassable ; ce combat n’appartient à personne d’autre qu’à nous-mêmes parce que chacun est unique. Mais pour vivre l’absence, découvrir qu’elle reste absence, nous avons besoin les uns des autres pour nous y aider. 

Il est vrai qu’il n’y a pas dans la Bible de discours sur la mort. Mais il y a une parole pour les vivants. La Bible nous enracine dans une parole de vie et ceux qui l’écoutent finissent toujours par y trouver la lumière. C’est une parole pour le temps de l’épreuve, nous qui sommes destinés à la vie totale. Destinés à renaître dans la suite logique de nos renaissances quotidiennes en cette vie. De commencements en commencements, de mûrissements en mûrissement. 

Il est vrai aussi que nous demeurons marqués par nos rencontres, l’existence quotidienne, même si physiquement l’autre n’est plus présent. C’est cela qui fut aussi et qui demeure la vérité de Jacques. C’est sa manière à lui maintenant d’être présent. C’est sa présence qui continue. Rien n’est, ni ne doit être figé. Car c’est ce qu’il fut dans sa vie avec nous qui appelle : son combat avec la maladie, celles des autres et puis la sienne, sa foi dans le Christ, sa gentillesse bienveillante et chaleureuse. Chaque être vit une aventure particulière et entraîne avec lui ceux qui l’approchent. 

Mais alors, comment ne pas perdre ce qui a été partagé avec Jacques ? Chacun parce qu’il est unique laisse une empreinte unique dont les échos résonnent longtemps en nous, sans que nous le sachions toujours bien nettement. Un être que nous avons aimé, qui fut un compagnon quotidien dans les bons et les mauvais jours, ne s’absente jamais tout à fait. Et c’est parce qu’il a marqué  de sa présence que nous sommes là aujourd’hui, chacun partageant dans le silence et la prière ce qu’il a pu recevoir de lui.

Puissent les textes de cette liturgie pour Jacques notre ami, pour notre solidarité dans l’épreuve et le soutien de la prière, vous aider, vous sa famille et nous tous qui sommes accourus, à rendre compte de l’Espérance qui est en nous et trouver cette paix dont nous avons tellement besoin pour poursuivre la route…

Extrait de l’homélie du Père Philippe Régeard du Cormier, ancien aumônier miltaire

Le médecin général Jacques LEPAGE est décédé après plus de deux mois de soins intensifs en réanimation où les équipes médicales, sa famille, lui-même, ont lutté avec acharnement contre la maladie. 

Issu de l’École de santé des armées de Lyon, et après un début de carrière en régiments dans les troupes de marine, il l’a poursuivi au cours de missions en Nouvelle Calédonie, puis en coopération en Afrique. Dans la grande tradition des médecins coloniaux, il a servi sur le plan médical et humanitaire avec passion et très grande compétence. De retour en métropole, avec sa famille, il « posa son sac » en Languedoc.  Il fut médecin chef du centre de sélection de Tarascon, puis directeur de l’hôpital des armées de Lamalou-les-Bains (34) où il recevait toujours chaleureusement les officiers réservistes du service de santé des armées ou lors de leurs visites, nombreuses, dans cet établissement. Après  en avoir assumé la dissolution, il fut nommé directeur du service de santé de la Guyane où s’exprimèrent toutes ses qualités d’organisation et de savoir médical. À son retour, il occupa le poste de médecin directeur adjoint de l’hôpital d’instruction des Armées Laveran à Marseille et termina sa longue et riche carrière au service des autres et de la Nation, avec le grade de médecin général,  comme adjoint au directeur régional du service de santé à Toulon. Mais toujours passionné par son métier de médecin, il s’installa à la retraite en cabinet de médecine libérale au service d’une clientèle qui lui fut très attachée et à qui il prodigua, toujours avec une immense bienveillance, des soins dévoués et diligents.

Le médecin général Jacques LEPAGE était officier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite, titulaire de nombreuses et prestigieuses décorations. Son épouse Catherine et ses enfants doivent savoir combien nous partageons leur peine et la section de l’Hérault de la SMLH, sa présidente et tous les légionnaires leur adressent leurs bien sincères condoléances.

Jacques laisse un très grand vide dans la communauté du service de santé des Armées. Ses camarades, d’active et de réserve, perdent un ami précieux, attentionné, divertissant, un médecin de grande classe à la personnalité attachante aux immenses qualités humaines et scientifiques.

Qu’il repose en paix.

Médecin en chef (h) Jean-Pierre Reynaud, ancien président du GORSSA

Extraits de l’Ordre du jour n° 4 de la direction régionale du service de santé des Armées de Toulon lu et remis à l’occasion de l’adieu aux armes du médecin général Jacques LEPAGE le 1er juillet 2006

« Médecin adjoint, il se distinguera par son enthousiasme et sa disponibilité. Il est engagé dans l’opération Tacaud au Tchad. Le 19 mai 1978, lors de la mission Ati, il porte secours sous le feu des rebelles et effectue des gestes de réanimation qui permettront de sauver plusieurs soldats blessés dans des conditions extrêmes. Ce combat au cours duquel il confirmera sa bravoure et son engagement opérationnel lui vaudra une citation à l’ordre de la division et attribution de la croix de la Valeur militaire avec étoile d’argent. »

« Le médecin principal Jacques Lepage retrouve le Tchad en 1985. Après deux ans comme conseiller technique auprès du chef du Service de santé des forces armées tchadiennes, il contribuera à la réhabilitation de l’hôpital de N’djamena. Cette entreprise à peine terminée, l’antenne chirurgicale sera engagée sous son autorité lors des combats de Fada, de Ouadi Doum et de Zouar. En zone minée, il n’hésitera pas à porter secours aux victimes et organisera l’évacuation de plus de 400 blessés vers N’djamena. Il se voit décerner en 1987 une nouvelle citation à l’ordre de la division. »

Il sera également décoré de la plus haute distinction de la République du Tchad ; décoration qui n’avait plus été attribuée à un étranger depuis l’assassinat du président Tombalbaye en 1975.